Croissance interne et économie de la connaissance
L’idée selon laquelle le progrès, la croissance, la compétitivité pouvaient naître d’un processus interne basé sur la connaissance et donc sur la transmission de celle-ci a fait son chemin.
La notion d’économie de la connaissance a émergé et s’oppose au modèle thermodynamique (énergie, matière).
Croissance interne vs croissance externe
Fondé sur l’exploitation croissante des ressources et bien souvent sur leur appropriation, le modèle thermodynamique a connu son apogée avec la colonisation et l’industrialisation des pays riches.
Il rencontre aujourd’hui des limites évidentes avec la globalisation de la concurrence et la raréfaction des ressources naturelles.
Le modèle de croissance externe reste le plus répandu tant pour les peuples que pour les entreprises. Nous prenons comme références les conflits pour les ressources. Ou encore les acquisitions d’entreprises dont le but est d’éliminer un concurrent. Citons enfin, les achats puis ventes par appartements, délocalisations, lobbying et corruption pour tordre les règles de la concurrence. Etc.
En outre, la doctrine stratégique anglo-saxonne basée sur l’analyse des « écarts » (GAP ANALYSIS) reste largement centrée sur une vision opportuniste. Elle reflète une logique de croissance externe elle-même fondée sur des déséquilibres.
L’idée d’une croissance de l’intérieur basée sur les savoirs peut dans ce contexte paraître complexe, difficile à mettre en œuvre.
On peut en effet se demander pourquoi une entreprise devrait par exemple former ses collaborateurs quand le marché de l’emploi est tendu et que les collaborateurs formés pourraient vouloir aller à la concurrence.
Sans parler des freins inhérents à la formation ainsi que les autres contraintes pouvant faire pencher la décision du manager d’un côté ou de l’autre.
Il serait d’ailleurs simpliste d’opposer diamétralement croissance externe et connaissances.
La conception et la mise en œuvre de stratégies externes nécessitent en effet un très haut niveau de maîtrise technique.
Elles ne nécessitent cependant pas un large partage de la connaissance. L’on pourrait peut-être même considérer qu’un trop large partage des connaissances nuit à ce modèle.
Le modèle de croissance interne s’oppose à cette vision dans le sens où il fait de la connaissance et de sa diffusion l’épine dorsale de son développement.
La formation comme levier de croissance interne
Le rôle de la formation, vecteur de savoirs, dans la compétitivité des entreprises est un concept désormais ancré dans la vie économique.
En témoignent les différents plans de réforme et les nombreuses initiatives des pouvoirs publics en France. Avec plus ou moins de réussite cependant.
Ainsi, l’implantation de pôles de compétitivité sous l’impulsion des pouvoirs publics illustre une recherche de compétitivité fondée sur les savoirs.
Autre exemple, l’organisation toute particulière au sein des Keiretsu au Japon. Citons, par exemple, le transfert en fin de carrière des cadres expérimentés vers les partenaires et sous-traitants. Cette approche particulière correspond à une volonté de partage des savoirs.
On note aussi que ce type d’initiatives tend à se développer en période de crise.
Dans le contexte actuel de concurrence exacerbée et de changements constants, on peut penser qu’elles auront tendance à se multiplier.
Le rôle de la formation ou des autres leviers innovants de transmission des connaissances parait bien réel. De nombreux décideurs ont intégré un développement fondé sur les savoirs comme une alternative valide aux modèles de croissance externe plus répandus.
Ce type de stratégie ne s’envisage que sur le long terme. Se posent les questions d’infrastructures qui permettront de mener ce modèle et de l’appliquer dans tous les domaines économiques. Quel agencement institutionnel, quelles méthodes, quels organismes ?
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