web sémantique

Le web sémantique va bouleverser notre relation aux technologies de l’information. Il est déjà naturel pour certains de poser des questions à leur i-Phone mais ce n’est que le début. Des logiciels capables d’interpréter et de contextualiser des données, de nous fournir des éclairages nouveaux et même d’apprendre permettront un niveau d’interaction inégalé. Les bénéfices s’en ressentiront tant en terme de productivité que dans nos prises de décisions.

Aujourd’hui, dans le cadre de notre série sur la Stratégie Emploi, nous dialoguons avec M. Gerard Mulder, Directeur Commercial Monde de Textkernel.
Ensemble nous examinons différentes facettes de l’emploi et envisageons la manière dont le web sémantique peuvent les affecter.

Monsieur Mulder, vous êtes Directeur Commercial Monde de Textkernel,
Pourriez-vous rapidement présenter l’activité de Textkernel et la manière dont elle met en oeuvre les technologies sémantiques dans le domaine de l’emploi.

Textkernel procure des solutions sémantiques aux professionnels des RH et de l’emploi. Nous proposons 6 produits différents pour :

• Collecter et analyser des documents non structurés tels que les CV’s, les offres d’emploi et les descriptions de postes
• Remplir automatiquement la base de données des systèmes d’information RH et emploi à partir des informations extraites de ces documents
• Trouver les meilleurs CV et offres d’emploi à partir de bases de données et de réseaux sociaux mulitples
• Faire correspondre automatiquement CV et offres d’emploi.
• Analyser des centaines de milliers d’offres d’emploi pour détecter des opportunités (génération de leads dans l’emploi et mobilité professionnelle inter-entreprise), observer les tendances du marché et fournir de l’intelligence économique globale aux décideurs et aux analystes stratégiques.
• Détecter les mentions discriminatoires dans les offres d’emploi
• Anonymiser les CV

Nos produits s’intègrent dans des systèmes plus gros tels que les ERP, les SIRH, les logiciels de recrutement et le Job-Boards. Jobfeed qui fournit de l’intelligence économique sur le marché de l’emploi peut aussi bien s’utiliser de façon autonome que s’intégrer dans un système d’information.

A qui est destinée cette technologie basée sur le web sémantique ? Quels bénéfices en retirent-ils ?

Nos principaux domaines d’application sont le recrutement, la gestion des talents, la mobilité professionnelle et l’intelligence économique RH. Nous fournissons notre technologie à tous types d’entreprises:
• Nous aidons les recruteurs à trouver les candidats.
• Nous aidons les candidats à trouver un emploi.
• Nous aidons les intermédiaires de recrutement à trouver des opportunités commerciales
• Nous aidons les professionnels à mieux gérer les compétences et comprendre le marché de l’emploi.
• Nous optimisons le tout par des gains de temps et l’élimination des tâches administratives fastidieuses.

Pouvez-vous apporter des précisions sur l’utilisation RH interne de ces applications web sémantique ? Y voyez-vous un domaine applicatif en expansion pour les technologies sémantiques ?

Oui. Les Professionnels RH cherchent à gérer les compétences de manière pro-active. En particulier, dans le climat économique actuel, les entreprises sont confrontées à un déclin du nombre de collaborateurs ou bien doivent redoubler de précautions lors de l’embauche. Ceci exacerbe l’importance de recruter en interne et de maitriser les coûts sur les recrutements externes. L’Information sur les employés peut venir d’une grande variété de sources, notamment la paie, les évaluations annuelles, les résultats de tests et même les profils Viadeo et Linked’in. Elle peut aussi être obsolète. (Par exemple le CV utilisé lors de l’embauche).

Aujourd’hui la technologie sémantique permet d’agréger ces différentes informations dans un système cohérent. Ceci aide les managers RH à analyser, anticiper, trouver des candidats et prendre des décisions de façon centralisée, au sein de leur environnement de travail favori.

Demain, elle permettra de croiser les informations RH avec d’autres types d’informations pour faciliter plus encore une approche stratégique des RH.

Votre technologie sait interpréter des documents RH non structurés tels que les CV et les offres d’emploi, elle peut les faire correspondre selon une logique structurée, et conduit une analyse automatique de millions d’offres d’emploi afin de les rendre faciles à rechercher et analyser. Comment tout cela interagit-il avec le travail et l’interprétation humaine?

Le travail et l’interprétation humaine seront toujours essentiels. La technologie sémantique permet de travailler plus rapidement, de gagner du temps lors des traitements documentaires et de mieux exploiter l’information. Cela laisse plus de temps aux professionnels pour penser, échanger et prendre les bonnes décisions. Nous aimons à dire que notre technologie fait le travail préliminaire et que les professionnels prennent les décisions.

Quels retours recevez-vous de vos clients sur l’interaction avec l’humain ?

Nous recevons des retours positifs et utiles. Mais nous n’en obtenons pas beaucoup. La technologie sémantique est conçue pour rendre les processus naturels et intuitifs. Par exemple, un recruteur se contente d’effectuer une recherche en langage naturel et la technologie lui propose des synonymes, lui fournit des indices et présente toutes les facettes des résultats trouvés. Nous conduisons actuellement des projets d’études pour accroître le nombre de retours et perfectionner nos produits.

Compte-tenu des évolutions technologiques que nous pouvons anticiper, comment voyez-vous évoluer le métier des professionnels des RH et de l’emploi ?

Je vois l’Emploi et les RH devenir de plus en plus stratégiques. Les professionnels des RH et de l’Emploi seront amenés à mener de plus en plus d’analyses, de recherches et de réflexions stratégiques. Ils auront aussi des interactions plus fréquentes et approfondies avec les professionnels d’autres disciplines.

La technologie Sémantique rend cela possible. L’économie de la connaissance et la flexibilité accrue du marché de l’emploi le rendent nécessaire.

Aux Pays-Bas, votre technologie Jobfeed a analysé des millions d’offres d’emploi provenant de dizaines de milliers de sites au cours des 7 dernières années. Quels sont vos principales découvertes ?

Jobfeed est devenu une source d’information riche et importante pour tout professionnel qui travaille dans les RH au sens large. Même des organismes gouvernementaux font désormais appel à Jobfeed pour anticiper les tendances du marché de l’emploi. C’est devenu un des produits les plus populaires auprès des recruteurs, des sites emploi et en matière de mobilité professionnelle.

La combinaison de données historiques et d’informations en temps réel très détaillées sur les offres d’emploi, a engendré une transparence accrue sur le marché de l’emploi et commence même à procurer une valeur prédictive en matière d’emploi, tant du point de vue des secteurs que de celui des familles professionnelles. Concrètement, nous disposons de ces informations et nos technologies sémantiques permettent de mener des recherches sur les tendances émergentes et vérifier des hypothèses sur le marché de l’emploi.

Vous continuez votre expansion européenne avec l’ouverture récente d’un bureau en France. Anticipez-vous l’émergence d’un marché européen de l’emploi ?

Il existe un marché économique européen et un marché de l’emploi européen parait donc très logique. Au-delà de ça, je vois un intérêt structurel dans le brassage des cultures et des compétences. C’est généralement très fertile. Parfois c’est même indispensable. Chez Textkernel, par exemple, nous recrutons des profils rares, très experts et seulement 40% des équipes de notre siège d’Amsterdam sont néerlandaises. Le reste de l’équipe vient d’une grande multitude de pays différents.

Lorsqu’on compare l’Europe avec d’autres puissances économiques dans le monde, l’Europe est encore la plus grande. Une Europe plus unie avec une plus grande flexibilité de l’emploi aiderait grandement à maintenir la richesse de l’Europe.

Lorsqu’on a demandé à l’ancien Président de la Réserve Fédérale Américaine, Alan Greenspan, de comparer l’économie et la devise américaines avec l’économie et la devise européennes, il a répondu que l’Europe n’atteindrait jamais le niveau de puissance actuel des Etats-Unis. Un de ses principaux arguments était le manque d’un marché de l’emploi flexible et la complexité des interactions. Je suppose que, pour l’instant, il a raison. Mais j’aimerais prouver sur la durée, qu’il se trompe. Les technologies sémantiques multilingues peuvent jouer un rôle important dans l’atteinte de cet objectif.

Peut-on déjà parler d’un Big Data de l’emploi ?

Une application telle que Jobfeed collecte des millions de données et les rend compréhensibles. Dans ce sens, la réponse est oui. Toutefois, il reste encore beaucoup de travail et d’opportunités dans ce domaine. Les possibilités du Big Data RH sont quasiment infinies. C’est une des parties les plus créatives des technologies de l’information.

Les CV et les offres d’emploi ne donnent généralement qu’une vision très partielle d’une personne ou d’un poste. Travaillez-vous actuellement à un enrichissement à partir des informations du “Cloud” ?

Nous y travaillons et nous menons des recherches très actives dans ce domaine. Par exemple, nous agrégeons des données sur les entreprises et nous travaillons avec le bureau néerlandais d’études statistiques et des éditeurs de tests d’évaluation. Bien sûr la sélection est toujours un choix humain, mais un bon choix est déterminé par les options et par des informations disponibles. Nous pouvons enrichir ces options et fournir de meilleures informations.

Lorsque vous rêvez du futur technologique de l’emploi, à quoi ressemble-t-il ?

J’aimerais ajouter de l’information à cette question. Ce dont je rêve c’est la possibilité pour chacun de trouver des emplois qui lui correspondent et qui lui permettent de croître et prospérer tout au long de sa carrière.

Aux employeurs, je souhaite de pouvoir trouver, attirer et fidéliser les talents nécessaires à la réussite de leur mission. Cela ne débute pas lorsque les personnes arrivent sur le marché de l’emploi. Cela commence bien avant, lorsqu’elles choisissent leur orientation, si tant est qu’ils aient ce choix.

Propos recueillis par Yves Loiseau

Traduit de l’anglais  The semantic web is shaping the future of talent management

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